Mémoires secrets.
1742-1752. 9 volumes in-4, plein veau brun moucheté, dos à nerfs ornés de filets et fleurons dorés, pièces de titre en maroquin bordeaux et de tomaison en maroquin beige, tranches rouges.
Ensemble formant 4690 pages manuscrites, rédigées d’une belle écriture à l’encre brune, chaque page encadrée d’un filet à l’encre rouge.Important recueil constitué des relations des événements survenus à Versailles, à l’Opéra, aux différents théâtres de Paris mais qui rapporte également les nouvelles des batailles en Europe ou en Amérique, tant sur terre que sur mer, le tout très largement entrecoupé de chansons, épigrammes, anagrammes, vers, scènes de théâtre, poèmes, brevets de la Calotte, anecdotes, échos, etc. Entre la chronique historique et un chansonnier historique «à la Clairambault-Maurepas», c’est plus de 940 pièces qui sont ici renfermées. Le premier volume couvre les années 1742-1744, le deuxième l’année 1744, le troisième 1744-1745, le quatrième 1746-1748, le cinquième 1748-1750, le sixième 1750-1751, le septième 1751-1752 et les deux derniers couvrent l’année 1752.Les maîtresses de Louis XV - marquise de La Tournelle, comtesse de Mailly, marquise de Vintimille, Mme de Pompadour sont très souvent les sujets de pièces sarcastiques - la mort du cardinal Hercule de Fleury («Son Éternité, le Richelieu de Louis XV») et des parodies d’oraisons funèbres; de nombreuses pièces autour des actrices et comédiens, filles et maquerelles. Les amours du roi, sa maladie (en 1744) et la mort de la duchesse de Châteauroux. Tous les grands personnages sont les sujets de ces pages, nobles, militaires, religieux, écrivains (Voltaire est dans les 9 volumes), Maurepas et sa disgrâce, D’Aguesseau, le maréchal de Saxe, le mariage du Dauphin, la naissance du duc de Bourgogne, Diderot, Duclos, etc. Le ton est parfois très virulent «Qu’une bâtarde de catin / A la cour se voye encensée / Que dans l’amour et dans le vin / Louis cherche une gloire aisée / Ah le voilà, ah le voici / Celui qui n’en a nul souci» à propos de Mme de Pompadour et du roi; ou ces vers sur le roi « Incestueux tyran, traître, inhumain faussaire…»Les trois derniers volumes consacrent plus de place à l’affaire des refus de sacrements ou des billets de confession. En 1746, l'archevêque de Paris Christophe de Beaumont décide que les fidèles doivent pouvoir justifier d'un billet de confession signé d'un prêtre favorable à la bulle Unigenitus pour pouvoir recevoir les derniers sacrements. Cette mesure rencontre une très importante opposition et de nombreuses procédures ont lieu, qui sont cassées par le Conseil du roi. En 1749, une importante manifestation a lieu à l'occasion de l'enterrement d'un principal de collège janséniste qui est mort sans confession. Parmi les quatre mille personnes qui composent le cortège, on trouve de nombreux parlementaires (imprégnés de jansénisme). Très beau document tant par sa qualité d'exécution que sa calligraphie et passionnant par le reflet de la société parisienne qui y est dépeint.